Un pacte avec Dieu / L’appel de l’espace – Will Eisner

Un article un peu particulier aujourd’hui, puisqu’il va porter sur deux albums de Will Eisner , deux oeuvres publiées à 15 ans d’intervalles. La première chronique sera dédiée à l’album un pacte avec Dieu, premier tome de la série Dropsie avenue (Life in Dropsie avenue en Anglais), que vous trouverez dans différentes éditions sous le nom de « Un bail avec Dieu » (les Humanoïdes Associés) ou « le contrat » (Glénat), selon les traductions de « A contract with God » paru aux Etats-Unis en 1978. Outre cet album, la série Dropsie avenue est composée également de deux autres albums, Dropsie avenue et Jacob le cafard, dispo chez Delcourt.

La seconde chronique parlera de L’appel de l’espace, considéré au même titre que « un pacte avec Dieu » comme l’un des chef d’oeuvre de l’auteur Américain. Une réédition en noir et blanc que beaucoup attendait.

Will Eisner est un génie, reconnu de tous, à tel point que l’une des récompenses les plus courues de la BD Américaine porte son nom depuis 1988 (les Eisner awards). La BD lui doit beaucoup et le monsieur à tout compris à cet art. On peut même dire qu’il a créé certain code toujours utilisés aujourd’hui, lui attribuant même le titre de créateur du concept de roman graphique. A ce sujet il est l’auteur de L’art séquentiel, une série en 3 volumes que vous devait absolument posséder si vous voulez comprendre ces fameux codes , ces règles utilisées dans la bande dessinée. Du dessin à la narration, Will Eisner vous explique pourquoi créer une BD est un processus complexe. Et puis si vous parlez un peu Anglais, et pour vous rendre compte de l’influence qu’à eu Will Eisner sur le monde de la BD, je vous conseille vivement de consulter sa biographie disponible sur le site qui lui est consacré, WillEisner.com. Un site ultra complet.

Un pacte avec Dieu – (A contract with God/1978)

Puisant dans ses souvenirs d’enfance, Will Eisner nous conte quatre récits situés dans les quartiers pauvres du New York des années 30. À commencer par celle de Frimme Hersch, ce juif qui, avant de fuir sa Russie natale, grava dans la pierre un « contrat avec Dieu ». En Échange de la protection divine, il s’engageait à mener une vie exemplaire. Mais Dieu n’honora pas son contrat…[synopsis éditeur]

Avec cette bande dessinée, Will Eisner à révolutionné le 9éme Art. A une époque ou les productions comics étaient totalement axées « mainstream » (un pacte avec Dieu sort durant la période allant de 1970 à 1985 appelée « Bronze age »), Eisner crée ce qui est considéré aujourd’hui comme la première oeuvre d’un genre qui est actuellement à la mode, le roman graphique.

Si j’ai trouvé les trois premières histoires assez intéressantes et plutôt rythmées, la dernière m’est apparut comme banale et un peu longue. C’est finalement le défaut global que je reprocherai à cet album, ce manque de dynamisme chronique.

A part ça, Will Eisner est génial lorsqu’il s’agit de décrire des tranches de vie, de développer la psychologie de ses personnages. Il aime mettre en valeur des monsieur Tout-le-monde, ceux que vous ou moi pourrions croiser en bas de nos immeubles, dans la rue, au travail ou pendant les vacances. La force de la narration doit beaucoup à cette particularité, Will Eisner aime s’intéresser aux gens. C’est saisissant de justesse et de vérité, mais tous ces protagonistes sont mis en situation dans des récits qui restent toutefois trop banal à mon goût.

Comme souvent avec Will Eisner, je suis plus bluffé par son graphisme maîtrisé que par ses scénarios. Le cadrage, le dessin si réaliste des personnages et l’encrage sont magnifiques.

Même si je donne l’impression de ne pas avoir été convaincus par cette BD, je n’oublie pas qu’elle représente un pan de l’histoire du 9ème Art et je lirais quand même la suite de cette série et j’enchaînerais même avec la trilogie que Will Eisner à réalisé sur New-York.

L’appel de l’espace – (Life on another planet/1993)

Dans la recherche de la vie extraterrestre, un signal doit être reçu plusieurs fois pour être considéré comme un message. C’est ce type de signal en provenance de l’étoile de Barnard que capte un radiotélescope au Nouveau- Mexique. Mais au lieu de faire un pas de géant vers l’unification des peuples, cet événement sans précédent exacerbe les tensions d’une humanité au bord d’un conflit mondial.[synopsis éditeur]

Ce que Will Eisner nous raconte dans cet album, n’est ni plus ni moins que l’un des fantasmes de l’humanité. Le fantasme d’avoir un jour la certitude que nous ne sommes pas seuls dans cet univers.

Will Eisner s’amuse à nous démontrer que nous serions bien incapable de gérer une révolution comme celle-là, car comme à son habitude chaque nation tenterait, égoïstement, de s’approprier la découverte, un peu dans l’esprit guerre froide et conquête de l’espace des années 60.

A la suite de cet événement, une secte se créée autour de l’événement, un dictateur tente de faire passer son pays pour une colonie de l’étoile Barnard (c’est de cette étoile que le signale semble être partit), une batterie d’espions se croisent, assassinent, manipulent, vous entraînant dans un vaudeville un peu longuet et parfois même, un peu brouillon.

Alors c’est clair, il vous reste le génie graphique de Will Eisner, mais quand même j’ai vu passer les 130 pages de cette bande dessinée, ça reste pour moi une lecture moyenne, même si je reconnais que le style d’Eisner est très expressif, séduisant. L’encrage, le découpage, le jeu entre le noir et le blanc, les tronches de tueurs des personnages, les gros plans hyper détaillés font que cet album est graphiquement réussit.